// Roman "LE SANG DES GEANTS"
Le Sang des Géants
Jean MONTOYA a eu trois vies, « Le sang des géants » en trace le parcours.
Sa première vie commence à sa naissance en Algérie en 1923 au sein d’une famille d’ouvriers agricoles d’origine espagnole devenus métayers d’une ferme près de Sidi Bel Abbès. Elle se finit dans un jour d’août 1962 lorsqu’il quitté définitivement son pays déchiré par la guerre d’indépendance, avec une partie de sa famille.
Alors débute sa deuxième vie, au Pecq, en région parisienne où nait son quatrième enfant, où il travaille comme magasinier avant de bénéficier d’une retraite consacrée à sa famille et à sa curiosité du monde nourrie par la télévision.
Sa troisième vie, la plus secrète, n’a duré que deux ans, de janvier 1943 à octobre 1945, mais ce furent des mois de guerre intenses. Des mois de préparation au sein de la 3ème Division d'Infanterie Armée, des mois de combats avec le Corps Expéditionnaire Français pendant la Campagne d'Italie puis le débarquement en Provence et la poursuite de l’armée ennemie jusqu’en Allemagne.
Après la capitulation de mai 1945, Jean Montoya a passé trois mois en occupation dans un petit village du Tyrol, il y rencontre Anneliese, l’événement intime inoubliable de sa troisième vie.
PARUTION : Août 2024
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extrait :
Sage, fidèle, respectueux et humble, mon père n’était pas buveur ou joueur. Il ne jouait qu’au tiercé quelques fois par an, toujours les mêmes numéros et toujours dans le même ordre. Jusqu’à maintenant personne dans la famille ne s’était demandé pourquoi il jouait toujours cette combinaison. Et si c’était une date ? Une date de naissance d’une personne de neuf ans son aînée ?
Et si… Et s’il y avait un lien entre le sourire énigmatique de notre père à l’évocation d’une aventure amoureuse durant la guerre et cette date ? Et si c’était le souvenir de cette femme que mon père ravivait en jouant ces nombres fétiches ?
C’est en fouillant dans les archives familiales que je retombais sur cette photo de mon père. Il doit avoir une trentaine d’années sur cette image. Debout contre un mur, bel hidalgo ignorant son charme, mince et athlétique, les cheveux drus et noirs, son regard est déterminé, fixé sur l’objectif, les lèvres légèrement entre-ouvertes semblent exprimer l’impatience devant cet exercice difficile pour une personne réservée comme lui.
Je regarde attentivement cette photo jaunie par le temps, et dans les nuances sépia, au fond des yeux brillants de mon père, par un processus mystérieux et troublant, j’accède à sa mémoire. Un dialogue surréaliste s’établit entre nous.
« Parle d’elle, tu peux maintenant. Mais surtout respecte-la ! »
- Oui Papa, je te le promets.
- Merci mon fils, et d’ajouter :
- Raconte ma vie d’avant ma rencontre avec elle aussi, pour mieux comprendre. »